Les Seins





© atraxies

Témoignage :


Mon complexe fait parti de ceux qui évoluent au fil du temps. Au début, c'était la taille de ma poitrine, plus volumineuse que la moyenne, qui me poussait à ne pas aimer mon corps dans sa globalité (tout le reste paraissait plus gros, plus imposant).

Une fois atteint la majorité, j'ai décidé d'entamer une procédure afin d'avoir une réduction mammaire. Aujourd'hui la masse de mes seins me convient mais se sont les cicatrices, qui resteront à vie, et qui sont donc une preuve indélébile d'un malaise passé qui me gêne. 

Le regard dur que j'ai développé à l'égard de ma poitrine ne vient pas de moi mais de celui des autres. J'ai eu des formes très jeunes, à treize ans j'en paraissais seize ou dix-sept. Malheureusement ça implique des regards que je ne comprenais pas, mais ressentais tout de même. Des remarques ou "blagues" que mes copines de classe ne recevaient pas ou des sifflements en rentrant de l'école de la part d'hommes qui auraient pu être mon père. Le changement du corps à l'adolescence est compliqué pour tout le monde je pense, mais quand ça arrive avant les autres et que tu ne peux t'identifier à personne, c'est vraiment dur. En veillissant c'est une partie de mon corps que j'essayais de cacher (plutôt compliqué étant donné où ça se trouve). Lorsque des problèmes physique (maux de dos) se sont manifestés j'ai sauté sur l'occasion d'effacer ce problème au fond esthétique. 

Ce complexe est toujours actuel mais sous une autre forme. Me faire opérer m'a changé la vie sur beaucoup de points (je peux faire du sport sans souffrir, je ne suis plus obligée de mettre de soutien-gorge et si je le souhaite je peux en trouver à des prix abordables, je peux monter ou descendre des escaliers sans crier de douleur et enfin mettre des habits qui me plaisent.) Mais comme je l'ai cité plus haut, c'est compliqué à assumer. Lorsque je regarde la société et les critères de beauté j'ai l'impression d'avoir tout fait à l'envers. On vit dans un monde où les grosses poitrines sont valorisées alors pourquoi la réduire et l'avoir, en plus, scarifiée? Ce que je veux dire c'est que rien ne convient jamais. Mais le plus difficile à
assumer pour moi ce n'est pas tant l'aspect physique mais sa signification: j'ai tellement détesté mon corps que je suis allée jusqu'à le modifier. C'est un message qui me restera toute ma vie, en espèrant qu'il s'atténuera avec le temps. 

D'une certaine manière, mes seins, je les assumes déjà. Je mets des décolté sans problème aujourd'hui et dans une certaine mesure si avec certains t-shirts mes cicatrices dépassent, ça ne me dérange pas forcément (ça dépend encore d'où je vais et avec qui). Le complexe de base, c'est à dire la taille de ma poitrine, je l'assume aujourd'hui. Ce que j'assume moins en revanche c'est que j'ai dû modifier mon corps pour ça et se qui en découle. C'est un travail que j'aurai à faire mais je pense sincèrement qu'il sera réalisable. 

Poème :

Sillon entre deux
Monts qui ne sont plus, trace de
Duel, sein du deuil

©Emma Miletti

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