Les Lèvres




© atraxies

Témoignage :

Je suis complexée par ma vulve.
Par mes petites lèvres qui dépassent mes grandes.

Petite, je ne me rendais pas compte que la forme de notre appareil génital pouvait être source de complexes. Un jour, ma petite sœur m’a fait remarquer que cette peau rose qui pendait entre mes cuisses n’était premièrement pas normale, et qu’en plus de ça, elle était laide. Je ne la croyais pas, mais en voyant les mini-vulves de mes copines d’école primaire, j’ai commencé à la croire. J’en ai parlé à ma mère. Elle m’a dit que c’était normal chez les femmes plus âgées. Dans mon ressenti, ma mère me traitait de grand-mère alors que je n’avais pas encore 10 ans.

La période de la puberté fut la pire, mon corps changeait, mais mes lèvres restaient difformes.
Combien de fois ai-je voulu me faire opérer la vulve et raccourcir ces petites lèvres bien trop grandes ? Combien de fois je me suis retrouvée au-dessus de mes toilettes, ciseaux en main, en me disant que ce n’était que de la peau inutile, insensible, qui méritait d’être coupée ?  

Au moment de ma première relation amoureuse, ce point me complexait tant qu’avant même de me mettre avec le garçon qui fut mon premier copain, j’ai eu besoin de lui expliquer à quel point j’étais monstrueuse. Ma vulve était pour moi la pire des horreurs, on ne pouvait qu’en être dégoûté ! J’étais persuadée que tout le désir qu’il aurait pour moi disparaîtrait dès qu’il verrait cette chair que je considérais comme morte. Lui s’en fichait totalement et semblait trouver ma vulve et moi parfaitement désirables.

C’est alors que je me suis rendu compte que le problème était simplement ma propre représentation de mes parties génitales.

J’ai grandi, j’ai appris à vraiment observer ma vulve, j’ai appris à me toucher sans dégoût, j’ai appris à m’aimer. L’âge aidant, je me sens de plus en plus séduisante et désirable. Si on me désire, on désire mes parties génitales aussi. L’estime que j’ai de ma vulve remonte grâce à cela. Je ne dis pas que je la trouve belle, mais je ne la considère plus comme laide. Mes petites lèvres dépassent mes grandes, et alors ? Ma crainte reste encore que la personne avec qui je m’apprête à avoir un rapport sexuel soit dégoûtée ou qu’elle ne trouve pas mon clitoris. J’essaye et réussis de mieux en mieux à relativiser : c’est plus de peau à aimer. Si la personne en question réagit mal : tant mieux, je remarque ainsi vite qui sont celles avec lesquelles passer du temps me ferait vraiment du bien.

De plus, grand défi pour moi, cet été je me suis baignée sur une plage nudiste. Je m’attendais à être terriblement mal à l’aise ou gênée, j’avais peur qu’on ne voie que ma vulve. Surprise : tout le monde s’en fichait et faisait sa vie sans même remarquer mon existence. J’ai appris ainsi à me sentir libre, bien, à l’aise avec mon corps et ses imperfections.

Mon but est désormais de continuer ce long chemin qui m’amène à me sentir plus à l’aise dans mon corps et d’être toujours plus certaine du non-problème qu’est en fait ma vulve. 
Aimez-vous, observez-vous, touchez-vous et soyez certaines que le désir de vos partenaires ne seront en rien changés par l’apparence de vos parties génitales.

Poème :

Tire-moi la langue
Donne-toi un baiser, une chance
Oui, tu peux t'aimer

©Emma Miletti

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