L'Acné




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Témoignage :

J’étais, et je reste à ce jour, complexée par mon acné et plus précisément les cicatrices que celle-ci a laissé sur mon visage.

Vers l’âge de 13-14 la puberté commence vraiment et ainsi suivent l’inévitable : l’acné. Toutes les personnes autour de moi à cet âge, à un moment ou un autre, pour une durée longue ou courte, a souffert d’acné. C’est une chose qui est vue comme normale cependant j’avais l’impression que mon acné était pire que celle de mes camarades. Eux, j’avais l’impression, avaient des boutons de temps en temps, moi j’en avais tout le temps. On m’a souvent répété à travers mon adolescence, surtout entre l’âge de 13 à 16 ans des quotes de genre « Mais non je te jure on ne voit rien ! » ou « Mais c’est normal si tu te sens mal à l’aise, personne ne se sent à l’aise avec de l’acné » ou encore, « Mais personne ne va te regarder et dire ‘Ah mais c’est qui ce bouton qui cache cette fille’ ». Peut-être bien que les gens ne se disaient pas que mon identité complète se résumait à la présence d’un bouton sur mon front ou non, cependant de savoir que celui-ci était si visible me mettait extrêmement mal à l’aise. J’ai fait beaucoup de traitements pour réduire le taux de boutons sur mon visage : j’avais une routine de soir et de matin, j’ai essayé plusieurs traitements locaux comme des crèmes ou des huiles, cependant pour finir le maquillage c’était la solution qui marchait le plus, mais pas sans conséquences. Plus souvent je mettais du maquillage, plus souvent mon acné s’empirait. C’était finalement en 2017, après plusieurs années de complexe, que je me suis tournée vers mes parents et je leur ai dit que je voulais voir un médecin pour que celui-ci me donne quelque chose qui puisse éradiquer mon acné. C’est ce qu’on a fait. Cependant ce traitement n’était pas lui-même sans conséquences : elle a en effet réussi à enlever toute mon acné mais 4 ans d’acné ne partent pas sans laisser des traces. Je vis avec les cicatrices de mon complexe et celles-ci me rappellent toutes ces années de malaise. Je mets de la crème chaque soir qui les réduisent et les médicaments prescrits par mon médecin les ont aussi fait s’effacer, mais pas complètement.

Ça aurait été difficile je pense pour moi de l’assumer car la mentalité que j’avais à l’époque était une mentalité très négative. Pour la moi de l’époque il était impossible d’être belle et d’avoir des boutons, cependant je comprend aujourd’hui quand j’y repense que quasi toutes les personnes que je trouve, ou que j’ai trouvé, belles avaient eu de l’acné, même pour certaines d’entres-elles celle-ci était très prononcé mais j’étais tellement absorbée par mon complexe et mon dégout pour moi-même que je n’y avais même pas remarqué.

Tout le monde a eu de l’acné et il faut se rappeler que c’est quelque chose de temporaire. Personne, ou en tout cas personne que je connaisse, reste fixé sur l’acné. Certes ce n’est pas quelque chose que la société juge de ‘beau’, cependant je trouve que l’idée que c’est une chose qui n’est pas belle qu’il faut cacher ridicule. Cette rhétorique ne fait que mener au détriment du mental d’une personne. Ce n’est pas quelque chose de simple à assumer et à aimer je le sais, cependant il faut se dire que au final on est tous dans le même panier et on a tous eu des boutons.

Poème :


Ma trace
Mes traces
L'histoire est gravée
Mon histoire, elle n'est pas grave
Mais c'est ma trace
Je l'ai tracée

Derrière moi, les pas du passé
Des jours sombres, sans lune
Aujourd'hui m'ont laissé
Des nuits étoilées

Un courage, une solution, un creux
Un creux dans la neige de ma peau
Un creux dans celui de mon coeur

Je suis fière de ce parcours
J'y ai laissé mes marques, et je les ai prises
J'ai avancé, je ne me suis pas arrêtée

Mais que regardiez-vous?
Moi je ne voyais que ça

Le ciel n'est pas poli, on veut s'y agripper
Mon caractère est bien trempé
Ma voie lactée n'est pas toute tracée
Ma voix aime chanter, toucher, frapper

Mais regardiez-vous?
Vous ne voyiez que moi

Je n'en voulais plus, j'en avais assez
Maintenant je cicatrise, je dénonce

Mon corps physique est éclat
Le corps astral couvert d'étincelles

Je constate que j'ai relevé le défi par mes épices
Mes touches vibrantes, mes ondes lumineuses et ma malice

J'adore briller
J'adore semer
Les notes dans les yeux
Les soupirs dans les coins
Les coins des lèvres, les coins des joues

J'adore creuser des étoiles dans vos cils, la luciole luit
J'admire les iris qui s'illuminent, des boutons d'or qui s'allument, qui s'animent, au coin du feu de la nuit
Frisson de froid, frisson de joie
Dans l'applaudissement de vos larmes, leurs reflets, sur moi, vous désarment
Je chasse les trésors aux quatre coins de mes voyages, universels
J'adore jouer les étoiles qui illuminent les pores de vos paumes, leur sel

Je danse jusqu'à la fin de l'éclipse mystère
Je chante jusqu'au déclin de l'ellipse austère

Je charme l'univers de mes cordes vocales
Je glisse dans les plis du temps
Dans les rires du vents, dans la grâce d'antan
J'envoute grâce aux célestes mouvements de mes étoffes, et leur voûtes

J'arbore ma robe céleste, vétuste
Je transporte avec moi le récit qui transperce
Ma trace est enlacée, enracinée, entrelacée dans le creux du ciel doré
Sur lequel j'épingle l'or, l'argent et le fer

Je parcours les draps de velours bleu
Sur lesquels je dépose, en passant
Le chance, l'espoir et le courage
Au croisement d'une fierté déterminée, au croisement d'une mine de diamants bruts et vrais
Au croisement de ma course folle, derrière moi les traces authentiques de ma résolue destinée

©Emma Miletti

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