Les Dents




© atraxies

Témoignage :

« Pourquoi tu n’as jamais mis d’appareil dentaire ? » « Prends le pas mal hein, mais ce serait plus joli si tu avais les dents droites » « Tu veux pas essayer de faire quelque chose pour remettre tout ça en place ? » Toutes ces réflexions anodines, souvent un peu naïves, ont fait passer mon petit défaut dentaire d’une simple différence à un complexe à travers mon adolescence.

Vers l’âge de douze ans, mon dentiste m’avait proposé de m’orienter vers des soins d’orthodon- tie, mais je n’avais pas jugé utile de faire corriger ma dentition, je trouvais au contraire que ce petit défaut faisait partie de ma personnalité et qu’il était inutile de subir un traitement pendant plusieurs années juste pour ressembler à tout le monde. Il est vrai qu’à cet âge, on ne se préoccupe pas encore beaucoup de son physique.

C’est seulement pendant l’adolescence, quelques années plus tard, que j’ai commencé à regretter mon choix. La plupart des gens de mon âge terminaient leur traitement d’orthodontie et se retrouvaient avec des dents parfaitement alignées, et les premiers commentaires quant à mon sourire imparfait sont arrivés. Il est vrai que l’on vit à une époque où la différence, surtout physique, est un poids, il y a un idéal de beauté que l’on se doit de suivre si l’on veut être dans la norme, et tout ce qui ne correspond pas à cet idéal est souvent vu comme un défaut. A seize ans, j’ai décidé d’aller voir un orthodontiste pour corriger ce qui à la base était une force et qui avait fini par virer au défaut. 

Malheureusement, il était trop tard pour modifier mon sourire sans devoir subir une lourde opération, qui impliquait un rallongement de l’os de ma mâchoire du bas, car ayant fini de grandir, il n’était plus possible de faire avancer celle-ci à l’aide d’un simple appareil dentaire, pour finalement pouvoir corriger le problème d’alignement.

Cet entretient m’a fait réaliser certaines choses ce qui m’a permis de dépasser mon complexe. Pourquoi était-ce à moi de subir un traitement si lourd afin de pouvoir ressembler aux autres et leur plaire ? Ce sourire, c’est à moi de le porter et à personne d’autre, il fait partie de moi, de mon identité et maintenant je le trouve beau à sa manière.

Si je participe au projet « Complexes », c’est pour montrer que l’adolescence est une époque difficile où l’on se cherche, et où l’avis d’autrui joue un rôle important. Il ne faut surtout pas ne pas être dans la norme, au risque de ne pas être considéré. C’est d’ailleurs souvent à cette époque que sont découverts les premiers complexes. Dans mon cas, un défaut que je considérais à la base comme tout à fait superficiel s’est gentiment transformé en un poids quotidien. Heureusement, j’ai pu prendre conscience que je pouvais faire de cette différence une force et que je devais d’abord me plaire à moi même.


Aujourd’hui je suis fière de pouvoir arborer mon sourire sans avoir peur de l’avis des autres, et ça fait du bien.

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